
Une plongée vertigineuse dans l’Amérique de la fin des années 1990.
Tout commence avec le meurtre d’un médecin pro-avortement par un fanatique évangéliste. Dans ce contexte de haine vouée à ceux qui prônent le « libre choix » par ceux qui justifient tous leurs actes par « le droit à la vie », Joyce Carol Oates nous révèle cette véritable guerre religieuse que connaissent les États-Unis autour de la question de l’avortement. Entre ceux qui se veulent les garants du droit des femmes et les différentes églises, protestantes surtout, mais souvent rejointes par des catholiques, l’opposition est totale. Attention il ne s’agit surtout pas d’une vue manichéenne et réductrice. Comme le titre le laisse penser les martyrs sont des deux côtés et rien n’est simple. Plusieurs Amériques s’entrecroisent, celle du middle west , terreau des traditionnalistes et des sectes protestantes , celle des grands intellectuels newyorkais libéraux , l’Amérique de la peine de mort , du racisme qui rôde, de l’après 11 septembre. Dans cette Amérique en proie à des divisions bien plus profondes qu’on ne les imagine, deux familles, celle du meurtrier et celle du médecin assassiné vont se trouver broyées, déchirées. La manière dont l’auteur dissèque l’éclatement de ses familles n’est pas sans rappeler « Nous étions les Mulvaney ».
On sort de la lecture de ce livre en se disant que les convictions, surtout les plus ancrées, méritent toujours d’être nuancées et analysées en profondeur.
Joyce Carol Oates a aujourd’hui 82 ans, chapeau bas !