Au fil de mes lectures, La mer de la fertilité, Yukio Mishima.

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La mer de la fertilité.

Œuvre monumentale et complexe, cette tétralogie écrite par Yukio Mishima entre 1965 et 1970 regroupe quatre romans, « Neige de printemps », « Les chevaux échappés », « Le temple de l’aube » et « L’ange en décomposition ».

Dans un style parfois ardu, Mishima nous offre des récits denses appartenant aux rares romans dont on comprend que si on veut réellement en appréhender toute la richesse il faudra les relire plusieurs fois un peu comme « A la recherche du temps perdu ».

« Neige de Printemps » met en scène un jeune et bel aristocrate dans le Japon du début du XX ème siècle, Kiyoaki, amoureux sans concessions, passionné et tourmenté qui finit par mourir de sa passion partagée mais sans issue, malgré tous les efforts de son ami Honda. Dans « Les chevaux échappés », la réincarnation de Kiyoaki, Isao, un jeune homme dégouté par le Japon des années trente aux mains des industriels et des hommes politiques corrompus rêve d’un coup d’éclat restaurant le Japon des samouraïs et finit par assassiner un chef d’entreprise avant de se suicider par seppuku au grand regret de Honda, devenu l’avocat du jeune homme. « Le temple de l’aube » délaisse pour un temps le Japon de la seconde guerre mondiale pour la Thaïlande où Honda reconnait sous les traits d’une jeune princesse thaï encore enfant la nouvelle réincarnation de Kiyoaki. Après un voyage en Inde, Honda retrouvera dans le Japon de l’après-guerre la princesse devenue une belle jeune femme dont il tombera amoureux malgré son âge. De retour en Thaïlande la princesse meurt mordue par un serpent à l’âge de vingt ans comme Isao et Kiyoaki.

Dans le dernier roman, « L’ange en décomposition », Honda devenu un vieil homme croit reconnaître en Toru la réincarnation suivante.

Dans cette œuvre pessimiste et tourmentée, la mort et le suicide ne sont jamais très éloignés. Commettre un seppuku parfait constitue une forme d’art. On peut réussir sa vie en se donnant la mort. Mais il est aussi question ici de bouddhisme, d’hindouisme, de shintoïsme et bien entendu de réincarnation. La sexualité est souvent tourmentée et Honda pour sa part se trouve à plus de quatre-vingts ans surpris en plein voyeurisme.

Quelques heures après avoir envoyé à son éditeur la fin de son manuscrit, après avoir pris en otage un général des forces d’autodéfense japonaises et prôné le retour du Japon traditionnel et de l’empereur, Mishima se donne la mort par seppuku le 25 novembre 1970.

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