Au fil de mes lectures : Une sortie honorable, Éric Vuillard.

Une guerre pour sauvegarder les intérêts de quelques grands groupes industriels, une guerre lointaine, exotique, dans laquelle les bataillons coloniaux combattent un peuple qui ne veut plus demeurer sous le joug colonial, une guerre de la quatrième république, une guerre qui prétend combattre le communisme et à ce titre, financée pour une grande part par les États-Unis, nous sommes en Indochine.

Peu d’hommes politiques lucides dans cette pantomime républicaine excepté la figure de Pierre Mendès France, précurseur parmi ceux qui savent qu’il faudra bien en sortir un jour.

Le mieux serait « une sortie honorable » faisant suite à une grande victoire qui permettrait à la France de négocier en position de force.

Nommé commandant en chef des armées en Indochine le général Navarre en grand stratège qu’il croit être veut piéger les armées vietminh insaisissables en les attirant dans la cuvette de DIên Biên Phu. On connait la suite. Le piège va se refermer sur l’armée française cernée par les milliers de soldats vietnamiens qui à travers la jungle dans des conditions incroyables réussissent à transporter des armes lourdes qui vont se déchainer en premier lieu sur les collines, les avants postes français auxquelles le colonel de Castries a donné des prénoms de femmes…

Éric Vuillard jette sur cet épisode tragique de la décolonisation un regard caustique sans complaisance aucune sur les tares de nos hommes politiques, de nos industriels ou de nos militaires. Ce chapitre peu glorieux de l’histoire de France est disséqué avec minutie, sans oublier le rôle cynique du grand allié américain prêt à fournir des bombes nucléaires pour accélérer les choses et qui bientôt prendra la suite des Français au Vietnam avec le succès que l’on connait.

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